Depuis la rentrée 2019-2020, la cellule VAE a repensé sa prestation d’accompagnement et fait appel à des consultants externes pour réaliser des entretiens individuels, afin de répondre aux demandes toujours plus nombreuses des candidats. Claude Barthe est l’un des six accompagnateurs partenaires.
Quel est votre parcours ?
C’est un long parcours jalonné d’opportunités. C’est un terme que j’aime bien : le synonyme « d’orientation », c’est « l’opportunité » : c’est la créer, la prendre, la saisir.
Personnellement, j’ai côtoyé l’échec scolaire, puis ai obtenu une maîtrise de psychologie. Je me suis inscrit en DEA, sans aller jusqu’au bout. J’ai cherché d’autres passages. J’ai travaillé comme consultant/psycho-graphologue pendant une trentaine d’années.
La VAE est apparue en 2002. J’avais déjà mis en place un service de bilan de compétences. Il m’a été proposé de m’occuper d’accompagnement VAE car il y avait une similitude entre les deux activités. J’ai commencé les accompagnements sur des diplômes de l’animation et de la jeunesse et sports, puis du social et de médico-social et enfin à l’université.
Je suis resté en quête d’une voie pour accéder au titre de psychologue. Outre des formations complémentaires en psychologie, je me suis engagé dans une VAE pour l’obtention d’un master de psychologie. J'ai validé le diplôme et le titre de psychologue pour mes 60 ans. Un beau cadeau d’anniversaire !
Quelles différences d’accompagnement entre les candidats selon les niveaux de certification ?
C’est peut-être une manière de lisser les différences mais j’ai constaté que la VAE c’est toujours pour consolider un parcours, le sécuriser. Je ne vois donc pas tellement de différences entre les candidats.
Dans les modalités d’accompagnement, il y a beaucoup de similitudes en termes de posture de l’accompagnateur et dans l’aide à l’écriture, quel que soit le niveau de diplôme visé. Néanmoins, à l’université, les candidats ont une autonomie plus importante, ils sont davantage dans l’argumentation, ils vont chercher l’information.
Alors même que la VAE est un pari pour le candidat, à l’université, je n’ai pas senti tellement de peur. Certes, on observe un petit fond de crainte mais j’ai senti des candidats très déterminés. Quoiqu’il leur en coûte, ils ont relativement confiance en leur expérience et dans leur projet. Car toutes les personnes que j’ai rencontrées ont un projet après la VAE, ce que je trouvais moins dans le secteur social et médico-social. La démarche de VAE était plus liée à des besoins de l’employeur ou à des questions de promotion.
Une anecdote ?
J’accompagnais un candidat et au fur et à mesure de l’avancement de son dossier j’ai repéré quelque chose qui se grippait, il cheminait, il y avait des blocages mais son envie de relancer la machine était là. Durant cette période son père est décédé, ça l’a beaucoup bousculé, d’autant plus qu’il était déstabilisé par rapport à ses repères professionnels. Le travail d’élaboration s’est suspendu un temps mais nous avons gardé le contact téléphonique. Lorsque le candidat est revenu il m’a dit « ça va mieux, j‘ai repensé toute mon organisation de travail au plan professionnel ». Il n’était pas seulement en train d’écrire un passé mais il était aussi en train d’écrire un avenir. La VAE ne raconte pas qu’une histoire. Il se passe aussi des choses imperceptibles parfois où il y a un retour sur soi, sur son parcours qui constitue une démarche réflexive et développementaliste. La VAE, c’est essayer de travailler sur la subjectivité et non pas seulement le sujet en activité.
De nouvelles opportunités ?
C’est un énorme plaisir de découvrir des personnes, des parcours et des métiers. Certains métiers, j’ai l’impression de les avoir moi-même exercés. Au-delà de la forme, les candidats font parler le cœur, des convictions. L’on voit véritablement le métier que les gens exercent à la fois dans la dimension collective et sociale, singulière et dans leurs interactions. L’accompagnement dans les transitions professionnelles est pour moi comme un voyage à travers les métiers, les histoires. J’ai découvert des métiers peu répandus, qui ont évolué comme la plasturgie, les métiers de la gestion, du commerce, du marketing tel que le métier d’actuaire. Je viens de découvrir la traduction, le cinéma d’animation. L’opportunité pour moi, en fin de carrière, c’est passer la main, accompagner les transitions professionnelles en conservant ce goût et ce plaisir de découvrir.